Tuan Chau
Mon arrivée dans la baie d’Halong commence par une anecdote qui illustre les difficultés de communication que l’on peut avoir quand on est en voyage :
J’ai réservé un hôtel sur Booking (bien que l’on puisse difficilement appeler ça un hôtel) dans le port de Tuan Chau. C’est le principal point de départ des visites de la baie. Il se situe sur une presqu’ile que l’on atteint par un long pont.
Le minibus qui m’amène depuis Ninh Bình me dépose près de l’embarcadère, l’hôtel est censé être très près. Je pars donc à pied vers l’hôtel ; le problème étant que Google Maps le situe très mal, et commence par me proposer de gravir une longue route qui va se perdre dans les collines. Je prends donc l’itinéraire mais au bout de quelques minutes j’hésite à continuer parce que ça ne semble pas très logique. Un scooter s’arrête. Le vietnamien pas très jeune qui le conduit semble vraiment vouloir m’aider. Il m’indique qu’il voit où se trouve l’hôtel en regardant la carte et me propose de m’emmener sur son scooter ce que je refuse dans un premier temps. Mais il insiste en me précisant qu’il ne veut pas d’argent, qu’il fait ça uniquement pour me rendre service. Je finis par accepter et il repart en direction du continent, retraversant le pont. J’essaye vainement de lui expliquer qu’il se trompe mais il est très content de lui. Finalement après que j’ai beaucoup insisté il accepte de s’arrêter de l’autre côté du pont.
Il me laisse là, après m’avoir vigoureusement serré la main et essayé d’insister pour m’emmener jusqu’à l’hôtel donc il est persuadé qu’il se trouve encore plus loin. Me voilà donc à plus de 3 km du lieu supposé de l’hôtel et je n’ai pas envie de retraverser ce pont avec mon sac sur le dos. Seule solution : prendre un taxi pour me retrouver à mon point de départ. Heureusement le taxi sait où est l’hôtel. Celui-ci se trouve environ à 100 m de l’endroit où le bus m’a laissé plus d’une heure avant !!
La dame qui m’accueille à l’hôtel est d’une gentillesse incroyable. Elle ne parle pas anglais mais fait tous les efforts possibles pour se servir de son traducteur et communiquer avec moi. Je m’entretiendrai par contre quelques instants avec son père, un très vieux monsieur très content de parler quelques mots de français. Il m’explique qu’il a appris le français jusqu’en 1954, mais que depuis il ne l’a pratiquement pas parlé et qu’il a oublié. Une bien belle rencontre.
Malheureusement je serai obligé de laisser une mauvaise appréciation à ce qu’on ne peut pas vraiment appeler un hôtel. Il s’agit plutôt d’une chambre unique au rez-de-chaussée d’un immeuble très humide qui sent le moisi et qui est quasiment insalubre. Le tarif en est prohibitif mais elle se trouve à 50 m de l’embarcadère. C’est son seul intérêt.
Je passe l’après-midi à me promener dans Tuan Chau, qui est un endroit vraiment sympa avec une plage magnifique mais il n’y a absolument personne. D’après une vietnamienne qui tient un bar sur la plage, c’est parce que les gens travaillent aujourd’hui. Mais en creusant un peu on se rend compte que c’est parce que les touristes ne sont pas revenus en masse depuis le Covid. C’est dommage parce que cette petite ville est parfaitement aménagée avec notamment une rue toute neuve le long de l’embarcadère, de très beaux hôtels restaurants. Tout est vide.
Evidemment, comme partout dans le monde, dès qu’on passe un peu derrière les beaux coins aménagés, on retrouve des traces de la formidable conscience collective concernant les déchets et la protection de la nature.
Je mange seul dans un très beau restaurant sur la plage. Malheureusement encore une fois la nourriture n’est pas très bonne.
Je réserve une croisière pour le lendemain. Quelqu’un viendra me chercher à 11h à l’hôtel.
Des rencontres
Me voilà donc en train d’attendre avec des dizaines d’autres personnes dans la grande gare maritime de Tuan Chau.
Le guide (Henrik, très très sympa et compétent) arrive, s’occupe des billets, et nous amène jusqu’à un de ces bateaux pompeusement appelés « jonques ». Il s’agit en réalité d’un grand bateau restaurant avec une terrasse permettant d’avoir de belles vues sur la baie.
Certains de ces bateaux sont vraiment pleins. Il y a différents standing qui je suppose correspondent également à la qualité des repas. J’ai l’impression que les bateaux quatre et cinq étoiles sont plus remplis. Cette fois-ci j’ai beaucoup de chance avec ma réservation : nous sommes très peu nombreux sur ce bateau qui pourrait largement accueillir 50 personnes. Seulement une petite quinzaine de voyageurs. La croisière commence à peine sorti du port, en nous proposant de nous mettre à table pour déguster le déjeuner. Les boissons ne sont pas comprises, et notre équipage insiste lourdement pour que nous en consommions.
Le repas extrêmement copieux (nous en mangerons à peine la moitié) n’est malheureusement pas d’une qualité extraordinaire. Mais ce n’est pas très important, l’intérêt de cette journée est ailleurs.
Je suis à une table vraiment très sympathique avec un couple assez âgé (à la réflexion peut-être pas tellement plus que moi, je ne me vois pas vieillir) composé d’un monsieur anglais et de sa femme thaïlandaise, un jeune suisse, Mathias, une jeune philippine, Cynthia, et une jeune turque, Bella, tous très très sympas.
Ce sera une journée de rencontres, de dialogues, d’échanges vraiment enrichissants. Pour le moment la meilleure journée de mon périple en Asie.
Le couple est à la retraite et voyage beaucoup. Les 2 filles sont étudiantes et ont décidé de prendre plusieurs semaines pour visiter divers pays d’Asie. Je discute surtout avec Bella, qui vient apparemment d’une famille assez aisée installée à Londres, mais elle préfère vivre en Turquie. Elle me confie avoir beaucoup de mal avec la nourriture au Vietnam. Elle s’en méfie parce qu’elle a peur des animaux qu’on pourrait lui faire manger. Elle mange donc très peu, essentiellement des fruits.
Mathias avec qui je partagerai l’activité kayak, m’explique qu’il peut voyager sur du long terme parce qu’il a fait fortune grâce au Bitcoin. Il a cessé son travail il y a quelques années et suivi une formation pour gérer les Bitcoin et il est devenu millionnaire en peu de temps. Maintenant il gère son capital, continue à investir dans le Bitcoin dont il est persuadé que c’est l’avenir ; il profite de son argent pour passer sa vie à voyager.
La baie
La Baie d’Halong est à la hauteur de sa réputation. C’est un endroit absolument magnifique, magique. Les îles se succèdent, comme les pièces d’un jeu de construction posées là par une main géante. Chacune a sa spécificité. Sans doute pour en apprécier la variété faudrait-il une croisière de plusieurs jours. Durant la longue demi-journée que nous passerons dans la baie, nous aurons l’occasion de nous arrêter pour visiter une grotte avec des proportions immenses, puis sur une autre île nous ferons une balade en kayak qui nous permettra de découvrir une vallée intérieure dans laquelle on accède par un passage sous la roche, enfin sur la troisième île, une magnifique plage de sable fin nous permettra de nous baigner dans les eaux de la baie. Le retour au port dans le soleil couchant est au sommet du romantisme.
Seul bémol : depuis le début de mon voyage j’attends les eaux turquoise promises dans tous les guides. L’eau de la baie d’Halong est verte, et loin d’être transparente. Je regrette également que dans ce site naturel extraordinaire inscrit au patrimoine de l’Unesco, toutes les « jonques » soient des bateaux à moteur. La promenade serait autrement plus belle et plus écologique si nous étions sur des bateaux à voile.
Néanmoins c’est un site extraordinaire qu’il faut vraiment avoir vu une fois dans sa vie et j’y reviendrai avec plaisir.